Les étudiants infirmiers s'inquiétent de la dégradation de leur formation

La colère gronde dans les rangs des étudiants en soins infirmiers et dans les instituts de formation

Publié le 20 novembre 2020

Le collectif vient de publier ce communiqué:

"Le 5 novembre dernier, le CEFIEC, la FNESI et l'ANdEP alertaient le ministère de la santé et des solidarités et les ARS sur la problématique de la continuité des formations des étudiants en soins infirmiers (communiqué du 5/11/20 https://bit.ly/3lKt9xO). Ils rappelaient que les étudiants ne doivent pas être la variable d'ajustement humaine des établissements de santé. Malgré cette mise en garde, les conditions d'apprentissage se sont considérablement dégradées et les ARS ont aujourd'hui toute latitude pour suspendre les formations. Les trois associations alertent aujourd'hui les pouvoirs publics sur de probables mobilisations des étudiants en soins infirmiers qui ne souhaitent pas, à juste titre, bénéficier de formation « bradées » selon les régions. Il a été demandé au ministère de la santé un cadrage national afin de garantir la formation des étudiants et ainsi éviter les débordements injustifiés des ARS.

Rappelons que le CEFIEC, la FNESI et l'ANdEP comprennent la nécessité de renforcer les équipes dans les établissements de santé. Cependant, ce renfort doit se faire dans un souci d'équité dans la continuité des formations sur l'ensemble des régions.

Ça chauffe dans les instituts et chez les étudiants ! C'est le message que l'on peut entendre dans les différentes régions où les ARS ont fait le choix de suspendre les formations.

Une incohérence des ARS

Même si la pandémie frappe différemment selon les territoires, il est à espérer selon les derniers chiffres de la Covid 19, que dans une grande majorité des régions le « pic » est derrière nous. Il semblerait donc que nous ayons passé le plus fort de la crise grâce, de nouveau, au professionnalisme et l'engagement des personnels soignants sur le terrain et cela sans avoir au recours massivement à la mobilisation et au renfort des étudiants en soins infirmiers. Pourquoi alors, les ARS décident de « stopper » aujourd'hui les formations et imposent aux instituts de mettre à disposition les étudiants et les formateurs ? Ne serait-il pas plus judicieux de garantir les formations pour préserver l'avenir ?

Une crainte

Suspendre les formations va inévitablement engendrer, au mieux, un retard important dans les cursus de formation et plus probablement un manque de diplômés en juillet prochain. Les établissements, déjà en tension par manque de personnel, affichent leur crainte quant aux difficultés de recrutement à l'horizon de juillet 2021. Une crainte légitime si l'on ne garantit pas la formation et la diplomation des quelque 30 000 étudiants en juillet prochain.

Pas de diplôme au « rabais »

Si les instituts sont dans l'incapacité d'assurer la continuité des formations, ce sont en effet 30 000 professionnels de santé qui n'intégreront pas les établissements en 2021. Un déficit inconcevable aux yeux de tous et pour l'efficience de notre système de santé.

Pour éviter de rencontrer cette problématique et de fragiliser le système, il est certain que des « arrangements inacceptables » seront trouvés afin de garantir la diplomation à travers des CDD d'aide-soignant qui seront validés comme une période de stage en soins infirmiers, validation de stages par écrit, ....

In fine, tous les étudiants seront diplômés sans pour autant avoir bénéficié de la formation et sans être armés pour intégrer les établissements. Au-delà de cette ineptie pour les étudiants, quelle offre de soins proposons nous à la population ?

Des débordements injustifiés

Nous craignons de revivre les mêmes situations que lors de la 1ère vague ou des étudiants ont été massivement mobilisés sans réels besoins. De nouveau, aucune véritable étude des besoins n'a été réalisée avant de faire appel au renfort des étudiants pour cette 2ème vague. De nombreux retours ont fait état d'étudiants qui n'avaient pas de missions au sein des établissements quand d'autres se retrouvaient chez eux dans l'attente d'une reprise des formations.

La genèse

Depuis des années, le personnel soignant et notamment les infirmie.r.e.s mettent en avant le manque de personnel. En 2016 et 2017, accompagnés par les étudiants, ils se sont mobilisés en nombre pour dénoncer les conditions de travail en constante dégradation, le manque de personnel, les fermetures de lits intempestives, des salaires qui les placent au 28ème rang sur 32 au sein de l'OCDE... En vain et sans aucune écoute !"