Etude de médecine en Belgique : Numerus Clausus, 50% des étudiants diplômés en médecine et dentisterie cette année ne pourront pas exercer leur métier

La libéralisation des numerus clausus n'est pas sans conséquence

Publié le 06 octobre 2014

Le récent communiqué de presse du CIUM ( Comité Inter-Universitaire des étudiants en Médecine), du Conseil de la Jeunesse et de l'Unecof (Union des étudiants de la communauté française) fait le point sur les études de médecine en Belgique.

Préambule, rappels historiques :

Le Numerus clausus fédéral est une limitation de l'accès à la profession (INAMI) instaurée depuis 1997 au terme de la dernière année en médecine ou dentisterie. Cette mesure a, depuis toujours, divisé le monde politique et le monde Universitaire, en ce compris celui de la représentation étudiante. Cette sélection a été mise en place afin de réduire l'offre de soins (nombre de praticiens) et de facto la demande en soins de santé (nombre de consultations). Bien que ce principe de « l'offre et de la demande » a toujours été controversé sur le plan scientifique, il a été défendu par nos politiques de l'époque et actuelles. Cette législation fédérale impose aux communautés, en charge de l'enseignement supérieur, d'instaurer un système de sélection pour éviter un nombre trop important d'étudiants au terme des études pour l'acquisition d'un numéro INAMI. En 2008, la Fédération Wallonie-Bruxelles a supprimé le système de sélection au terme de la première année de médecine et de dentisterie (décret Simonet), laissant donc s'engouffrer un grand nombre d'étudiants sans, pour autant, avoir la certitude qu'ils pourront obtenir un INAMI et donc exercer leur métier. En effet, les quotas au niveau fédéral, eux, persistaient. De plus, le nombre d'étudiants s'inscrivant en médecine et en dentisterie ne cessait d'augmenter d'année en année.Une solution de lissage a alors été proposée pour augmenter le nombre de numéros INAMI afin de « sauver » un nombre d'étudiants surnuméraires par rapport aux quotas de base diplômés docteur en médecine ou dentiste. Cette solution consiste à attribuer aux étudiants excédentaires,les numéros INAMI prévus pour les années suivantes, en espérant un second lissage pour les années excédentaires à venir (effet à « reculons »). Jusqu'à l'heure d'aujourd'hui, seul un lissage a été prévu jusqu'en 2018 pour les médecins et 2020pour les dentistes afin de permettre à chaque étudiant débutant ses études en médecine ou dentisterie (de 2004 à 2008) de bénéficier d'un Numéro INAMI au terme de cursus.

Etat actuel :

En mars 2014, à la tête d'une plateforme pluraliste, le CIUM, l'UNECOF, et le Conseil de la Jeunesse ont manifesté dans les rues de Bruxelles leurs craintes quant à l'immobilisme des politiques fédérales sur la question des INAMI : 2500 étudiants en médecine et dentisterie ont revendiqué une garantie quant à l'obtention d'un numéro INAMI et d'une place de stage devant le cabinet de la ministre de la santé.

En effet, les chiffres publiés dans les facultés de médecine étaient sans appel: la FWB devrait diplômer entre 6500 et 7500 médecins entre 2014 et 2020, le tout pour un total de 2830 numéros INAMI disponibles. Dans cette optique et considérant ces prévisions, un étudiant sur trois serait en mesure de recevoir son numéro INAMI.

Cette situation gravissime et dénoncée par le CIUM, l'UNECOF, et le Conseil de la Jeunesse est en mesure d'être appliquée cette année : parmi les étudiants diplômés lors de l'année académique 2014-­-2015, 250 futurs médecins, soit 50% des diplômés attendus se verront refuser le numéro INAMI. Il en est de même, pour 90 futurs dentistes qui représentent 60% des diplômés attendus dans cette filière. Concrètement, cela signifie que 250 futurs médecins et 90 futurs dentistes, formés pendant 6 et 7 ans dans nos facultés, aux frais du contribuable, ne pourront pas exercer leur métier et de facto rendre service à la population.

Cette situation est inacceptable dans le contexte de pénurie médicale que nous connaissons. Alors que la plupart des études scientifiques ont démontré avec preuves les effets péjoratifs d'une pénurie de praticiens actifs sur les coûts en soins de santé, le futur gouvernement fédéralnie aveuglement les appels émanant du secteur de la santé, à savoir les praticiens actifs surle terrain, les facultés, et les étudiants.

Sans numéro INAMI, ces 340 praticiens ne pourront ni exercer la médecine curative, ni pratiquer le métier pour lequel notre société connait une pénurie.

Face à cette situation dangeureuse pour l'avenir de notre système de soins de santé, le Conseil de la Jeunesse, le CIUM, et l'UNECOF, représentant les étudiants en médecine et la jeunesse francophone revendiquent avec force :

  • Que chaque étudiant en cours de cursus puisse bénéficier d'un numéro INAMI et d'une place de stage. En effet, à cette situation des INAMI catastrophiques, s'ajoute le manque de places de stages dans nos hôpitaux ; ce manque étant lié à des critères de maitre de stage trop « select » et inadéquats quant aux besoins médicaux liés à la formation du médecin candidat spécialiste.
  • L'élaboration d'un cadastre des spécialités mesurant la pénurie «spécialité par spécialité» pour adapter rapidement les quotas fédéraux en fonction des besoins de la population.
  • Une adaptation des quotas fédéraux et de spécialités sur le long terme en fonction des résultats du cadastre et des pénuries objectivées.

Il en va de l'avenir de nos étudiants, mais avant tout des politiques de santé et d'un système de soins de santé jugé -encore actuellement-comme un des plus égalitaires au monde.

Que notre message soit clair : si le futur gouvernement ne prend pas compte nos revendications, nous descendrons dans les rues pour faire entendre notre voix. Etudiants, médecins, doyens, académiques, parents d'étudiants, patients, citoyens sensibilisés, nous revendiquerons avec force et fermeté un avenir pour ces étudiants qui représentent l'avenir et la stabilité de nos soins de santé.

Face à la pénurie et à la moyenne d'âge élevée de nos praticiens encore actifs, nous avons les ingrédients pour maintenir l'efficience de notre système de soins de santé mais, force est de constater, que la recette fédérale fait encore défaut !