L'Hôpital Foch fête sa 1000ème greffe pulmonaire

Une occasion de dresser un bilan de l'évolution de la transplantation pulmonaire en France

Publié le 23 juin 2020

C'est un anniversaire un peu spécial qu'a célébré l'Hôpital Foch durant cette période épidémique Covid19 particulièrement intense : celui de la 1000ème greffe pulmonaire réalisée au sein de son établissement le 14 mai 2020, et qui confirme sa place de premier centre français dans ce domaine. Depuis près de 32 ans, l'Hôpital Foch réalise des transplantations pulmonaires qui s'intensifient et s'accélèrent chaque année grâce au développement de méthodes scientifiques de pointe, visant à lutter contre la pénurie d'organes et le temps d'attente de greffons.

« Malgré la période épidémique délicate que tout le système de soins français a traversé ces derniers mois, nous avons su réaliser quelques beaux succès et sauver des vies en continuant à greffer les patients qui nécessitaient une transplantation urgente. La réalisation de notre 1000ème greffe pulmonaire en cette période est un formidable accomplissement pour les équipes qui ont lutté au quotidien pour endiguer l'épidémie. Nous avions fêté notre 500ème greffe il y a seulement 8 ans : cela démontre des progrès majeurs réalisés en France durant ces dernières années. » explique le Professeur Édouard Sage, Chirurgien thoracique et cardio-vasculaire au sein de l'Hôpital Foch.

Une accélération conséquente du nombre de greffons transplantés

C'est en 1983 que la première transplantation pulmonaire a été réalisée dans le monde, et la France a rapidement suivi ce progrès médical en investiguant de nouvelles méthodes. Elle est actuellement 3ème dans le classement des pays effectuant le plus de greffes pulmonaires - derrière les États-Unis (qui réalisent à eux seuls 1/3 des greffes) et la Chine.

A l'Hôpital Foch, un service dédié a été mis en place dès 1988. La transplantation pulmonaire permet alors de traiter les patients atteints d'insuffisance respiratoire terminale avec une forte implication dans la mucoviscidose.

Aujourd'hui, avec près de 6 transplantations pulmonaires réalisées en moyenne chaque mois, soit plus de soixante par an, l'Hôpital Foch conforte sa place de 1er centre français dans ce domaine. D'autant que le nombre de greffons transplantés n'a eu de cesse de s'accélérer depuis le début des années 90 (d'une dizaine de transplantations pulmonaires réalisées aux prémices, à une trentaine entre 2004 et 2010, puis 56 en 2011 et enfin près de 82 en 2019 année record !) L'Hôpital Foch a d'ailleurs fêté sa 500ème greffes pulmonaires en 2012 (09/09/2012) (soit 500 greffes en 25 ans) : en fêtant aujourd'hui sa 1000ème greffe, c'est près de 500 greffes en 8 ans qui ont été permises !

Le véritable défi pour les équipes de coordination des prélèvements d'organes et pour les équipes de transplantation est aujourd'hui de trouver comment augmenter le nombre de greffons disponibles, encore en nombre insuffisants malgré les importantes avancées médicales des dernières années.

Le développement de méthode scientifique de pointe pour lutter contre la pénurie d'organes

La question de la pénurie d'organe et du nombre de greffons disponibles est régulièrement posée par les autorités de santé française. Selon l'Agence de Biomédecine, 24 791 personnes ont été en attente d'un organe en 2018. Parmi ces personnes, 5 781 ont été greffées en 2018, dont 372 qui ont pu bénéficier d'une greffe pulmonaire, ce qui représente une diminution de 1,6% par rapport à 2017.

Afin d'augmenter le nombre de poumons greffés, l'Hôpital Foch a développé en France, depuis 2011, une nouvelle technique innovante, importée du Canada : la greffe pulmonaire avec des greffons optimisés en ex-vivo. L'Hôpital a fêté sa 100ème greffe pulmonaire avec cette technique l'année dernière, et chaque mois, en moyenne 2 greffes supplémentaires sont réalisées grâce à cette technologie.

Le principal intérêt de la réhabilitation de greffons en ex-vivo est de permettre l'utilisation d'organes refusés par les équipes ou considérés comme impropre pour la transplantation par l'Agence de biomédecine. Un avantage considérable car c'est dans cette catégorie de greffons, dits a critères élargis, que se trouve la grande majorité des greffons. En 2011, 70 % des greffons prélevés sur des patients de moins de 70 ans en mort encéphalique (846 sur 1176) étaient dans ce cas et seule la moitié a été proposée aux centres de greffe pulmonaire.

Par ailleurs, d'importants progrès ont été réalisées également ces dernières années afin de trouver de nouveaux viviers de greffons viables. C'est le cas des donneurs décédés après arrêt circulatoire de la catégorie III de Maastricht (DDAC M3), c'est-à-dire présentant un arrêt circulatoire à la suite d'une décision de limitation ou d'arrêt thérapeutique. Ce « programme », autorisé en France depuis 2014, a fait l'objet d'un protocole strictement définit par les différentes parties-prenantes et l'Agence de la biomédecine. Les premières greffes pulmonaires avec ce type de donneur ont débuté en 2016 et une cinquantaine de greffes de ce type sont aujourd'hui réalisées en France (dont la moitié au sein de l'Hôpital Foch - 27).

Enfin, l'âge maximal de transplantation, initialement fixé à 60 ans, a évolué. A l'Hôpital Foch, mais également dans d'autres centres, une personne de 70 ans peut aujourd'hui être greffée, à condition de ne souffrir d'aucune maladie associée (comorbidité).

Les transplantations pulmonaires : une urgence médicale en France !
Selon l'Agence de Biomédecine, 4 893 poumons ont été greffés entre 1999 et 2019 en France.
En moyenne chaque année, ce sont près de 350 transplantations de poumons qui sont réalisées.
5% sont des transplantations d'un unique poumon. Plus de 75% des transplantations pulmonaires sont des greffes bilatérales séquentielles au cours de la même intervention. 5 à 8% sont des transplantations cœurs-poumons.
En termes de nombre de greffes réalisées, la France se classe en troisième position au niveau mondial - derrière les Etats-Unis et la Chine - et première au niveau européen.