La Fédération des Médecins de France fait des propositions pour lutter contre les déserts médicaux

Des initiatives locales portées par l'implication des professionnels de santé et des élus

Publié le 19 juillet 2017

2,5 millions de français vivaient dans un désert médical en 2015, une situation que les pouvoirs publics constatent sans proposer de solutions autres que la télémédecine. Jean-Paul Hamon commente « Les déserts médicaux ne sont pas une fatalité. Mettre en place des offres de télémédecine ne changera pas la donne ni le sentiment réel d'abandon des populations concernées. Personne n'a jamais été rassuré par une régulation téléphonique, ni une vidéo qui sont souvent le premier recours avant la rencontre souhaitée avec un médecin. Les gens ont besoin de voir un médecin et les médecins ont besoin de voir des patients. Des solutions simples existent, nous les avons testées. Qu'on nous écoute enfin ! ».

Un désert médical est un territoire que les médecins libéraux quittent


La Fédération des Médecins de France, qui réunit des médecins de tous horizons et de toutes spécialités, est convaincue que pour susciter une volonté d'installation chez les médecins, il est urgent de réintroduire de l'appétence pour la médecine libérale notamment auprès des internes et des jeunes médecins.
Jean-Paul Hamon, son président, déclare « Faire disparaître de notre territoire les déserts médicaux en promouvant des offres d'installation modernes qui garantissent une meilleure coordination entre professionnels de santé facilitera l'attractivité des zones classées « déserts médicaux » pour les jeunes médecins autant que pour les internes. Mais il est aussi urgent de leur garantir à un niveau national de meilleures conditions d'exercice pour faciliter leur installation, grâce notamment aux propositions que nous portons depuis des années et qui petit à petit apparaissent comme les seules solutions ».

Au gouvernement : des solutions à déployer très rapidement pour une disparition des déserts dans les prochaines années


La FMF propose des solutions concrètes pour endiguer le développement des déserts et inverser la machine.
· Rendre obligatoire une année de stage en libéral pour tous les étudiants en médecine et créer MUMS (Mobility of University Medical Students), sorte d'ERASMUS français pour les étudiants en médecine afin de leur apporter une ouverture sur leur pratique
· Doubler le salaire de l'interne qui choisira d'effectuer son internat en zone éloignée de sa faculté ou en zone démographiquement faible
· Garantir par la collectivité un logement pour l'interne et la prise en charge de ses transports
· Valoriser la maîtrise de stage pour les médecins engagés dans ce mentorat et leur donner les moyens d'accueillir correctement un interne, par exemple grâce à une rémunération calquée sur celles que reçoivent les hôpitaux pour prendre en charge ces jeunes et s'inscrire dans une démarche d'intérêt général
· Caler la couverture sociale, y compris le congé maternité, des médecins sur le régime des salariés les 5 premières années d'installation
· Créer un forfait structure garantissant des conditions d'exercice dignes pour une sécurisation de la prise en charge du patient
· Mettre un local à disposition du médecin et l'accompagner dans la prise en charge des patients

Des initiatives locales portées par l'implication des professionnels de santé et des élus locaux


De nombreuses initiatives ont fleuri en France ces dernières années, portées par des professionnels de santé à la fois accompagnés et accueillis par les élus locaux. Sur la partie haute de la montagne limousine, par exemple, l'équipe de soins primaires Millesoins, créée par des professionnels de santé complémentaires (médecins, infirmiers, pharmaciens), développe une offre de soins coordonnée et collaborative innovante afin d' «amortir les mécanismes de désertification médicale» affirme Antoine Prioux, son pharmacien coordinateur. Il s'agit d'un véritable réseau territorial de soins qui répond aux besoins des populations locales en leur assurant une continuité des soins et attire de jeunes médecins qui découvrent une réflexion collective pour la santé des patients plutôt qu'un exercice solitaire, dans un esprit de partage et d'amélioration continue.


Ainsi, un système sécurisé de partage des données patients permet de coordonner les parcours de soins et de leur garantir une prise en charge optimale quelle que soit leur localisation sur le territoire. Un exercice libéral multi-sites est donc proposé, certains médecins et collaborateurs étant mobiles sur plusieurs maisons de santé.

Jean-Claude Etilé, médecin généraliste, membre de la Fédération des Médecins de France et de l'équipe Millesoins, installé à Royère-de-Vassivière, affirme « Je reste persuadé que si les jeunes internes viennent aujourd'hui s'installer chez nous, c'est parce qu'ils y ont trouvé un maître de stage disponible et compétent, une pratique idéale de leur métier tournée vers le patient à soigner, une écoute et une entraide entre professionnels de santé permettant d'assurer une continuité des soins en cas d'indisponibilité. C'est une dynamique nouvelle pour notre métier.».

Enfin, reste que ces initiatives permettent également de revaloriser les territoires, facilitant l'installation de citoyens rassurés par la présence d'un réseau de soins performant et continu. Les élus locaux ne s'y sont pas trompés, leur rôle est primordial dans l'accueil des médecins. Le maire de Royère-de-Vassivière a ainsi racheté une partie de la pharmacie pour en faire des studios où sont aujourd'hui logés les internes, le conseiller départemental creusois Jean-Luc Léger soutient l'initiative de l'équipe qui permet de faire découvrir et aimer la campagne à des médecins qui ne la connaissaient pas.