Selon une nouvelle étude issue du projet EURO-PERISTAT, le taux de césariennes varie considérablement à travers l'Europe avec un pourcentage de femmes accouchant par césarienne allant de 52,2% au maximum à Chypre à 14,8% au minimum en Islande.
L'article qui est publié dans le BJOG : An International Journal of Obstetrics and Gynaecology met en évidence une absence de consensus sur les pratiques obstétricales entre les pays de l'Union Européenne.
Selon les conclusions de l'étude des recherches supplémentaires sont nécessaires pour comprendre les raisons de ces différences, notamment en étudiant l'impact des différences internationales dans l'organisation et le financement des systèmes de santé et dans les attitudes des parents et des professionnels vis-à-vis des soins au moment de l'accouchement.
Le projet EURO-PERISTAT, auquel ont pris part des chercheurs de la City University London, est une collaboration entre 26 Etats membres de l'Union européenne ainsi que la Norvège, l'Islande et la Suisse. Le projet est dirigé par Jennifer Zeitlin, chercheur à l'Institut national de la santé et de la recherche médicale, Equipe EPOPé (http://www.epopé-inserm.fr/).
On sait que la probabilité de subir une césarienne est plus grande chez les femmes qui accouchent pour la première fois ou qui ont déjà eu une césarienne, ou lorsque l'on attend des jumeaux ou que les bébés se présentent par le siège. Pour la première fois, une étude montre que ces différences ont des ampleurs très variables d'un pays à l'autre. Par exemple, moins de 50% des naissances multiples en Norvège, en Islande, en Finlande et aux Pays-Bas ont lieu par césarienne, alors que ce pourcentage atteint 90% à Malte et à Chypre. De même, moins des trois-quarts des accouchements avec présentation du siège en Norvège et en Finlande ont été réalisés par césarienne, contre plus de 90% dans la République tchèque, l'Allemagne, l'Italie, Chypre, le Luxembourg, Malte, l'Ecosse, l'Islande et la Suisse.
La France se situe dans une position moyenne par rapport aux autres pays, avec un taux global de césarienne plutôt bas, de 21 % au total. On constate que dans le classement des pays par ordre croissant des taux de césariennes, nous nous situons au 7ème rang pour les femmes ayant une césarienne antérieure (parmi les 21 pays ayant des données disponibles) et pour les femmes qui ont une naissance multiple (parmi 27 pays), et au 2ème rang pour les femmes avec un fœtus en présentation du siège (parmi 21 pays). Cette situation générale plutôt favorable pourrait s'expliquer par un travail important des Agences et des Associations de professionnels pour produire des recommandations et promouvoir de bonnes pratiques cliniques. De plus, l'étude PREMODA sur les fœtus en présentation du siège, réalisée dans 174 maternités en France et en Belgique a pu avoir un impact local ; elle montrait que le fait de planifier l'accouchement par voie basse était raisonnable, si la maternité avait une bonne expérience dans ce domaine et respectait les conditions requises.
Selon les auteurs de cette étude sur le projet EURO-PERISTAT, originaires de plusieurs pays européens :
"Les différences observées soulèvent des questions sur pourquoi il y a de telles variations dans la pratique clinique. Cela signifie que nous devons revoir nos recommandations de pratique clinique et conduire des études afin de s'assurer que les pratiques médicales sont fondées sur les preuves fournies par les données scientifiques, et donner la priorité à la santé des mères et des enfants ".
Le projet EURO-PERISTAT a pour objectif de réunir des données nationales collectées dans chaque pays sur les caractéristiques des femmes enceintes, les soins fournis au moment de l'accouchement et la santé des mères et des nouveau-nés. L'intérêt du projet EURO-PERISTAT par rapport à d'autres sources internationales est de produire des données détaillées sur les pratiques médicales ou la santé suivant les caractéristiques des mères et des enfants ; ainsi les comparaisons ne portent pas seulement sur le taux global de césariennes mais aussi sur les taux suivant le nombre d'accouchements antérieurs, le nombre de fœtus, ou la présentation des fœtus.
Les données utilisées pour cet article portent sur les naissances qui ont eu lieu en Europe en 2010. Les résultats globaux ont été publiés en 2013 dans un rapport intitulé European Perinatal Health Report; par la suite des analyses plus détaillées ont été conduites sur différents sujets. Commencé en 1999, le but de l'EURO-PERISTAT est de fournir des indicateurs valides et fiables qui peuvent être utilisés pour la surveillance et l'évaluation de la santé périnatale en Europe.
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